mercredi 19 novembre 2008

Ben Harper


A la croisée des cultures, des nations et des religions, Ben Harper est aujourd'hui un des représentants les plus métissés de la musique blues américaine. Puisant ses sources dans ses origines multiples, il réinvente le son et s'élève au-dessus de tous, entre reggae, country, folk et rock. Un artiste unique et déconcertant.
Melting-pot culturel
Son originalité culturelle, il la doit à ses racines. Né Benjamin Chase Harper le 28 octobre 1969 à Claremont, en Californie, il est un spécimen du melting-pot américain. Sa grand-mère paternelle est moitié indienne Cherokee, moitié noire et pratique le vaudou dans les quartiers pauvres de Watts.
Côté maternel, Ben trouve ses racines en Europe de l'Est, dans la Lituanie du dix-neuvième siècle. Un véritable puzzle qu'il tente encore de reconstruire, cherchant dans la musique une réponse au mystère de l'histoire.
La musique, il l'apprend très jeune, dès l'âge de trois ans en grattant sur la guitare d'Ellen, sa mère. Son père Léonard, luthier, joue aussi des percussions, et c'est en famille que les Harper chantent. A sept ans, Benjamin reçoit sa première guitare et continue de mettre en musique ses pensées et sa vie. Comme si la musique était pour lui un second langage, dès sa naissance.
D'ailleurs ses grands-parents tiennent un magasin d'instruments de musique dans lequel le petit Ben passe ses journées. Le contact avec le bois et les cordes, sensuel, charnel, agit sur lui comme une drogue. Il commence alors à travailler dans l'atelier de restauration. Il répare, bricole, construit et joue sur des centaines de guitares. Sa relation avec la musique devient passionnelle.
C'est dans cette boutique familiale que Ben fait la connaissance de JP Plunier, producteur français en rapport avec Virgin Records. Subjugué par le talent du jeune homme, il l'encourage à aller plus loin. A seize ans, première prestation scénique au Brayer's Cafe de Fontana, Californie. Puis il intègre deux ou trois formations musicales dans lesquelles il prête son talent d'instrumentiste, avant de se lancer seul dans la carrière.
Pleasure and Pain
Bien sûr, ses premières prestations se font dans les cafés, devant quelques clients attablés. Bien sûr, il ne gagne pas sa vie avec les quelques dollars amassés chaque soir. Bien sûr, ses quelques compositions ne sont pas encore abouties. Mais il joue en public, et son rêve s'exauce enfin !
Mars 1992: Ben Harper enregistre son premier album Pleasure and Pain, un opus empreint de blues et entièrement acoustique. Lors d'un concert, il rencontre une de ses idoles: Taj Mahal. Séduit par le jeune musicien, celui-ci l'invite sur sa tournée hawaïenne. Dès lors, Harper se lance réellement dans l'écriture et se produit avec Taj Mahal sur scène et à la télévision. Sa notoriété naissante lui permet de s'exporter et de jouer en Europe pour la première fois en décembre 1993, aux Transmusicales de Rennes (France).
Welcome To The Cruel World
Le jeune américain enregistre aussi son premier véritable album studio Welcome To The Cruel World en 1994. C'est cet album qui le révèle au grand public. La légende est en marche. Et c'est en soi une gageure: plaire à la jeunesse en jouant une musique traditionnelle n'est pas chose aisée. Pari tenu.
La musique de Ben Harper dépasse les clivages musicaux, et ne ressemble en rien à ce que l'on connaît. Fight For Your Mind (1995) puis The Will To Live (1997) sont de véritables révélations saluées par la presse internationale.
Burn To Shine (1999) et Diamonds On The Inside, son dernier album, ne font que confirmer son immense talent. Pourtant l'artiste reste sobre, humain. Point d'explosion médiatique ni de grandes campagnes publicitaires. Il se refuse à être un produit. Son attachement viscéral à sa famille, à la défense des droits ou à la résistance contre toute forme d'oppression, font de lui un exemple d'humilité. Cet aspect du personnage ne fait que renforcer sa popularité auprès de la jeunesse.
Admiré par ses pairs pour son ingéniosité et sa créativité, adulé par un public de tous âges, Ben Harper est sans doute un des artistes les plus touchants de ces dix dernières années. Sa musique va droit au coeur. Entre Robert Johnson et Bob Marley, Harper se fait le porteur d'un art résolument humain, sensible et profond.

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